Tuesday, August 13, 2013

Post 12: A Language Test, The First Page in French

  As an exercise, let's take the first three paragraphs in the last post and rewrite them in French. I am saying rewrite rather than translate, because I am well aware that I speak the two languages in a different way. Here I go:

CHAPITRE 1:  L'EXODE

 Samedi 13 Juin 1940 
    #1.  "Ras le bol. Ras le bol. RAS LE BOL! Je clopinais a grand peine a cause des ampoules aux talons qu'avaient fait éclater mes beaux escarpins du Dimanche tout neufs, et j'avais l'impression d'avoir les bras a demi arrachés a force de trainer a tour de rôle d'une main puis de l'autre la vieille valise de carton bouilli marron ou j'avais la veille au soir entassé mes trésors. Ma veste du Dimanche en épais drap de laine marine pesait de plus en plus lourd et se raidissait sur mes frêles épaules de treize ans, complètement imbibée par la sueur qui ruisselait depuis des heures entre mes omoplates. Ma mère me trainait par la main depuis cinq heures du matin sur la route de Chartres, fuyant l'avancée des Boches sur Paris dans une cohue indescriptible de voitures, camions, vélos, landaus, hommes, femmes et enfant surchargés de meubles, matelas de lin rayé, valises distendues, ballots rebondis, paquets de papier brun grossièrement ficelés, pendules de cheminée aux aiguilles arrêtées, et cages a oiseaux ou piaillaient encore faiblement des canaris a demi morts de soif..."

  #2.  "Deux fois déja depuis notre départ de Paris a l'aube par la route de Chartres, les Stukas de la Luftwaffe avaient soudainement surgi des nuages, plongé 
dans un hurlement grandissant et assourdissant de sirène sur notre colonne affolée, et suivi en rase-mottes une courte ligne droite en nous arrosant de leurs mitrailleuses, nous propulsant tels des pantins terrifiés dans les haies et les fossés ou nous nous égaillions a la recherche d'un abri malheureusement illusoire. Nombreux sont ceux qui restèrent a plat ventre le nez dans la boue du fossé, alors que le filet d'eau boueuse se teintait lentement de rouge vif.

   Partout sur la chaussée éclatée, abandonnées en catastrophe, des voitures  en flammes vomissant une fumée noire, des carcasses de camions noircies et fumantes, ouvertes comme des boites de conserve, des cadavres déchiquetés, des mères hurlant leur détresse, et des enfants perdus en pleurs. Un âne blessé, empêtré dans les brancards d'une charrette renversée, brayait a coeur fendre. Les survivants s'enfuyaient droit devant eux sans rien voir voir, poussés par cette panique incontrôlable et aveugle qui oblitère toute pitié, toute humanité, toute miséricorde...
   Un peu plus loin, tout était bloqué."

  #3. "L'antique pont de pierres qui traversait la petite rivière depuis des siècles n'était plus qu'un amas de cailloux. Seul restait après le bombardement un petit panneau de guingois avec un nom a moitié effacé : Alène. Deux camions bloqués en travers de la route ne laissaient qu'un étroit passage. Les vieilles planches de chêne de leurs ridelles avaient été arrachées et jetées tant bien que mal en travers du cours d'eau en guise de pont, et il fallait faire la queue pour le traverser. 

      Juste devant nous, un vieillard décharné vêtu d'une salopette bleue toute rapetassée et coiffé d'une casquette plate a bouton s'engagea sur la passerelle improvisée en poussant péniblement une vieille brouette branlante surchargée de paquets et de sacs de jute, au sommet desquels était assis en équilibre précaire un petit garçon vêtu d'une barboteuse jaune sale qui pleurait en appelant sa mère. 
     Soudain surgit par derrière un garçon brun de mon âge poussant une "Hirondelle" toute neuve, portant un vieux sac a dos de cuir et un fusil de chasse sur l'épaule gauche. Il me bouscula et cria au vieil homme méchamment : "Dégage, pépère!". Surpris, celui ci sursauta, hésita un instant, et fit l'erreur de s'arrêter.  La brouette vacilla. Il tenta désespérément de reprendre son équilibre, mais la roue ferrée glissa, la brouette versa, et il tomba a l'eau dans un grand plouf avec son précieux chargement.  
    La matinée avait été éprouvante, et j'étais de mauvais poil...  La colère me saisit. A mon tour, je bousculai le petit salopard de toutes mes forces, et sautai a l'eau. J'étais bon nageur, ayant passé plusieurs fois les grandes vacances a la campagne près de Beynes, une quarantaine de kilomètres a l'Ouest de Paris, dans une petite ferme sise au bord d'un grand étang. La rivière n'était pas bien large, et en trois brasses, avant même qu'il ait eu le temps de boire la tasse, j'avais saisi le gamin par les bretelles et l'avais ramené sur la berge, hurlant de frayeur, mais indemne. Le vieillard s'était raccroché a la brouette renversée, et pagayant d'une main, se débrouilla pour me suivre. Je lui tendis la main pour le tirer sur la terre ferme près du petit garçon, qu'il saisit aussitôt et berça dans ses bras maigres en répétant plaintivement, les yeux morts: "S'il te plait mon petit, ne pleures plus, ne pleures plus, on va bientôt la retrouver, ta maman"... Leurs hardes dégoulinaient sur l'herbe foulée et odorante. Ma mère avait laissé tomber ses bagages au sol et lui frottait doucement le dos,  encore toute tourneboulée, ne sachant que faire...
    C'est alors que je m'aperçus qu'en bousculant le garçon a la bicyclette, je l'avais fait tomber a l'eau, et qu'il se débattait désespérément en criant: "A l'aide, je ne sais pas nager!". J'étais encore tellement furieux que ma première pensée fut: "Bon débarras, connard". Son sac a dos trop lourd l'entrainait vers le fond, et il buvait déja sérieusement le bouillon, dérivant avec le courant... Finalement, j'eu pitié, couru le long de la berge a son niveau, sautai de nouveau a l'eau, et nageai vers lui. Le temps que j'arrive, il avait déja disparu, mais je sentis le sac, l'attrapai par les courroies, et le tirai a la surface. Sa tête resurgit, les yeux fous de terreur. Il battait des bras, toussant, crachant, cherchant l'air. Dès qu'il me vit, il s'agrippa a mes épaules, et dans sa panique, me fit plonger a mon tour. Nous sombrâmes tous les deux."

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